Créativité et Labeur

Quand une personne réussit dans sa vie, est-ce que nous acceptons sa victoire en appréciant sa force de travail, ou son ingéniosité dans l'élaboration des pistes innovantes ?

Comme dirait Colucci, la réponse est dans la question, travail et élaboration sont des synonymes, c'est plus les concepts de labeur et d'ingéniosité qui semblent différents. Mais qu'en est-il réellement ?

Un détour sémantique semble utile. Travail vient de tripalium, outil de torture des esclaves pendant l'empire romain. Élaboration vient d'un processus de constitution d'un système matériel ou intellectuel qui sera utilisé comme méthode ou outil.

L'intensité émotionnelle dans la réalisation d'une tâche permet de se détacher du côté pénible pour rentrer dans une réalisation de soi par l'accomplissement du travail.

La fabrication des alternatives à des chemins déjà battus est la créativité. Est-ce qu'elle englobe du travail ?

Les chercheurs et les artistes sont d'accord que la créativité s'appuie sur deux mécanismes : l'illumination et la pensée divergente.

L'illumination est la troisième phase (modèle de Wallas, courte dans le temps) dans le traitement d'un dossier de fond. Comme exemple souvent cité est celui d'Archimède dans la résolution d'un problème qui lui a été adressé par Hiéron II, origine de la fameuse poussée d'Archimède.

La pensée divergente trouve ses racines à la fin des années '60 dans les travaux des psychologues sur la créativité. Notons les tests de Guilford et ceux de Torrance. Le modèle de Geneplore parle de deux phases générative et exploratoire. Après nous avons une approche liée à la configuration du cerveau avec un lobe frontal qui guide les autres aires du cerveau permettant ou inhibant la formulation d'alternatives.

Finalement si je peux dire qu'il y a une différence entre créativité et labeur cela se situe uniquement au niveau de l'état d'esprit personnel. Plus l'intensité émotionnelle est importante, plus il y a un détachement de l'aspect penibilité pour rentrer dans celui passionné.

Le créateur a une pulsion intrinsèque qui ne cherche à aucun moment les gains financiers, la reconnaissance des pairs, ou une trajectoire de réussite prédéfinie.

La créativité est due à une démarche désintéressée, pour fonctionner, comme toute orientation disruptive.

Cela n'est pas incompatible avec une approche volontariste qui transforme les fruits de cette créativité dans des produits innovants pour le progrès économique, financier, social, culturel, technologique,  ou politique. J'appelle cela savoir relier la passion avec le pragmatisme.